Lendemain de fête
C'était il y a deux semaines presque trois.
Depuis le temps que nous promettions une belle fête à notre cabanon carrossé. Il aurait une belle tenue épurée, un nouveau parfum de frais, des petites lumières dans les yeux et de la musique en son jardinet. Il serait heureux, il ne le regretterait pas, et nous non plus.
Deux-trois ans que nous promettions à nos amis "oui, oui à la saison prochaine, nous festoierons comme il se doit". Les saisons passaient, et de fêtes point à l'horizon.
Et soudain, la maturité peut-être, va savoir, nous nous décidâmes. Vite, très vite.
Nous fêterons la fin de juin et le début de l'été.
La vérité vraie c'est qu'il me fallait une belle excuse, un chouette prétexte, pour planter mes crocs de Grenouille dans sa tarte choc au chocolat... Qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour une gourmandise de Louve ?
La vérité c'est que nos amis sont venus, joyeux, contents, les mains pleines. La vérité c'est que mon Amoureux avait préparé une petite scène, un petit concert entre nous. La vérité c'est que la plupart d'entre nous est parent, parent depuis longtemps, et que la relève est assurée. La vérité c'est que sous nos yeux émus et ahuris, le petit concert de Mon Homme s'est transformé en première partie du concert des Petits-plus-si petits. Vous savez, ça ressemblait terriblement à ce qu'on espérait bien avant, quand nos ventres s'arrondissaient : "plus tard, avec mon petit, je voudrais tant que nous partagions ça, et que nous vivions ça, et ... ".
Il y eut la chorale des enfants menée par la coquine Y. (13 ans), une voix sublime et une mine coquine, avec gouaille et talent, et point d'orgue sur "We will rock you". Piou était à fond ! Il y eut A. et ses 19 ans et ses deux morceaux de Purcell a capella. Il y eut Jules, ses 12 ans, son tabouret, sa guitare et sa chanson. Il y eut M. et son Canard derrière l'étang. Puis O., une belle-maman, a repris Fever, et les Grands ont repris la scène. Et A. et son trombone se sont avancés pour les accompagner. Puis ils sont retournés au salon, leurs instruments et d'autres encore dans les pattes, nous laissant tout esbourbis, à peine respirant, pour que ne s'évapore pas tout de suite la magie de l'instant.
Je ne sais pas comment ils ont fait pour éviter l'effet kermesse de fin d'année. On aurait dit, presque, une nouvelle star mâtiné d'école des fans, mais avec du talent. Mais en bien, en vraiment pas raté.
De ces moments magiques, presque impromptus, dont on ne connait pas vraiment la recette. De ces moments juste bons qui font aimer aujourd'hui. Du petit bonheur en tranche.
Je ne sais pas comment on va faire pour transformer l'essai.
Je sais juste que mon Homme et moÄ, on va essayer de faire vivre ce lieu, notre lieu, l'ouvrir un petit peu chaque mois, pour que puissent à l'occasion s'exprimer toutes ces voix-là. Vous viendrez ?
Toute à cet instantané de vie, je n'ai pas pensé une seconde à dégainer Paul (Aroïde - warf !). Je n'ai que quelques images du morning after.