Fleur-de-Bitume
Fleur-de-Bitume est embêtée, elle a perdu son soulier.
Elle est Sioux de pavé, et ne sort qu'à la nuit tombée, dans le gris des chats du soir.
Elle est petite souris qui trotte menu pour qui n'y prend garde, elle est princesse au pied de vair pour qui sait la regarder.
Ce soir-là, c'était presque l'été. On dansait dans l'underground d'un caniveau pas trop loin. Elle avait dodeliné sur les premiers airs de bandonéon, puis enfilé ses souliers qui s'étaient tout de suite occupés de tracer la route, au son des flonflons. Elle avait ri et virevolté.
Comment s'était-elle retrouvée là, déjà, assise sur son bout de trottoir, la mémoire en pétard ? Par quelle bourrasque ?
Et son soulier, où était-il passé ? C'est lui qui connaît la route pour rentrer. Elle entendait parler de mer en bocal, d'univers sur des étagères, de petites collections qui font de grandes passions. Elle devinait les murs à escalader et se demandait si elle arriverait à se hisser jusqu'après le premier muret. Pourvu qu'ils laissent la fenêtre ouverte.
A moins qu'elle n'aille pieds nus, tâter de l'orteil d'autres aventures. A moins qu'elle ne laisse son soulier à son voyage...
Hep, Le Papillon, je crois bien que ta Cendrillon pourrait venir jouer
les Peter-Pan-cherchant-son-ombre-dans-les-tiroirs à la prochaine lune.
Tu feras gaffe à laisser la fenêtre ouverte ?