oie
Elle tient ses petites sœurs par la main.
Petite honte s'accroche à
sa main droite, drôle de fatigue et sa copine sourde douleur serrent à
gauche. Ainsi équilibrée au moins elle avance droit. Elle évite les
flaques, elle saute lourdement par-dessus.
Il fait froid, il fait
brumeux. C'est plein de brouillardise. Elle s'arrête au bord du
caniveau. Cette flaque-là fait lac. Elle se voit déjà cygne majestueux
glissant sur une patte puis l'autre, elle est oie en grand écart
rétamé, le menton qui râcle et les ailes éparpillées.
Elle est
ridicule, mais du coin de l'œil elle s'aperçoit que personne ne la
voit. Elle en rirait presque, si petite honte, rouge aux joues, ne la
déséquilibrait pas si fort.
Sous la glace, c'est épais et c'est foncé. C'est de l'eau de boudin.
Tiens, elle est en avance pour les fêtes...