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Bulles de Grenouille
15 août 2008

Bofénium

Ai lu Millénium. Les 3 tomes. Mérite une médaille pour ça.

Naaaan, j'exagèreuh. Un peu. A peine. M'enfin, dire que j'ai eu du mal n'est rien à côté de...
Pour dire le vrai, j'ai peiné, buté, trébuché.
Lectrice, je me vois cabri bondissant de mot en mot. Et là j'ai claudiqué de croc-en-z'yeux en croc-en-z'yeux.
Et suis restée bien seule sur mon rocher face à la mer des questions existentielles :
Mais comment se fait-ce ? Pourquoi moi, pourquoi tant de peine à la tâche ? Moi aussi je veux faire partie de l'unisson des cœurs battant au rythme de la Blomkvist et comparses-frénésie.
Que nenni, cela m'est refusé !

Et de m'interroger, forcément : deviendrais-je avec le grand âge une vieille peau de bique à la grammaire acariâtre, obséquieuse et obsolète ? Qui suis-je pour tressaillir là où Acte Sud a (vraisemblablement) lu, relu et corrigé ? Une malformation professionnelle galopante ?

Car c'est bien de cela qu'il s'agit. Voyez si c'est ballot : si j'ai manqué de souffle, ce n'est certes pas pour avoir été tenue en haleine, mais bien parce que dès le premier chapitre je me suis chopé un mauvais point de côté. Et vous savez ce qu'on dit sur les points de côté : mauvaise respiration, mauvais rythme. Voilà bien le mal qui m'a atteinte. Je n'ai pas su trouver le rythme de la narration, ni sa cohérence, ni même son incohérence. Etait-ce parce qu'ils étaient deux à traduire ? Etait-ce parce que je reste hermétique à une écriture suédoise à laquelle la traduction est demeurée fidèle (mais pourtant je glisse avec délice sur la prose de Mankell)? Alors quoi ? Non vraiment je ne vois pas.
Mais diou que j'ai soupiré à lire et relire ces tournures perplexes, frôlant l'erreur, y trempant parfois, l'évitant de justesse d'autres fois si l'indulgence accepte de ressortir une vieillerie d'usage usité (dont on se demande bien ce qu'elle vient faire ici, tout à trac, puisque ni la phrase d'avant ni le paragraphe d'après ne lui permettent de s'illustrer à nouveau. Quelques pages plus tard, si).  J'imagine bien qu'Acte Sud sait ce qu'il fait, hein, c'est quelqu'un qui d'ordinaire connaît bien son métier, je suppose qu'il y a de la volonté là-dessous.
Mais je serais assez curieuse de savoir, pour être sûre. Parce que pour l'instant, je m'en retourne à mon rocher et à sa désespérante solitude de lectrice abandonnée.

Bref, ce drôle de style sans style bricolé de plein de bouts de styles différents selon les phrases, voire les bouts de phrase a presque eu raison de ma persévérance. Presque. Mais j'ai tenu bon. C'est qu'elle est bien attachante cette Lisbeth, tout de même. (C'est juste un peu énervant, quand on pèse 43 kilos toute mouillée  pour 1m60, de lire et re-lire qu'avec ses 42 kilos pour 1m54, on dirait une anorexique, parce que, pfff, l'auteur s'est mal renseigné, c'est même pas vrai. Je veux dire c'est pas obligé. Et je sais de quoi je parle, donc. Non mais !)

L'intrigue ? Forcément au milieu de tous ces allers-retours entre les phrases, elle a perdu en intensité, la pauvre. Boah, voui, du Mo Hayder si vous voulez mon avis, pas désagréable quoi. L'équivalent d'un Harlan Coben. Mais j'ai plus de plaisir à lire Jonathan Kellerman, ou mieux Kathy Reichs (c'est tout bête, mais dans le style polars-que-je-lis-pas-pour-la-prose, elle me fait bien marrer).

En conclusion : en fait, Millenium et moi avons été victimes d'un ridicule malentendu. J'avais quitté la manne policière repue d'un Homme aux  lèvres de saphir particulièrement réussi. Puis j'avais interrompu Millénium, juste après l'appétissant prologue, pour cause de Vargaseries... J'abandonnai Blomkvist pour Adamsberg....aaahhh Adamsberg... la Vargas m'emmène toujours loin dans ces extravagances, fussent-elles gothiques, hu hu hu (mais ceci fera l'objjet d'un autre post. Peut-être.).

Millénium, je lui tournais autour depuis sa sortie, avec ses belles couvertures... louches "trop beau pour être honnête. Doit être un peu creux là-dedans". Eh ben on devrait toujours rester sur sa première impression, non ?

Le malentendu, c'est que Millénium est un polar de plage là où je pensais rencontrer de la littérature policière. Ce que ça n'est pas, du tout (Et vu le pavé, euh les pavés, ça m'a laissé comme un goût de "tout ça pour ça".).

En revanche, si vous avez aimé Millénium, vous goûterez probablement  cette autre suédoiserie, La Princesse des Glaces.  Qui pêche par les mêmes travers m'a-t-on dit... Alors que la brésilienne Fenêtre à Copacabana pourrait bien, elle, avoir l'heur de me plaire. M'a-ton dit...

La Gre, Académie française

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Commentaires
P
marrant: monsieur, qui vient de finir millenium, n'a pas été emballé, et m'a aussitôt dit que c'était quand même un peu mou du genou à côté de, au hasard, le dernier vargas!(ce qui est ballot c'est que je viens de lui commander le tome 2, il me restera plus qu'à les lire!)<br /> A part ça je découvre ton blog et j'aime beaucoup! puis quand je rencontre une collègue de l'éduquenat puriste de la grammaire francêêêze, forcément je suis comblée ;-D
B
Euh... pourquoi j'ai l'impression de me lire ? C'est pas moi qui ai écris tout ça, mais c'est comme si... Moi aussi j'ai l'impression d'avoir été fourvoyée "c'est trop bien dès que t'es dans, c'est obligé tu finis". Moi qui connaît que trop bien la fièvre du livre-que-quand-t'as-commencé-tu-vis-que-pour-ça, je m'en pourléchais déjà les babines ! Et pouf, quelle déception... Mais je me suis accrochée et je crois que comme une bonne poire, je me suis attachée aux personnages.<br /> Je passe.<br /> Je passe à Fred Vargas, Un lieu incertaine.<br /> ça passe mieux.
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