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Bulles de Grenouille
8 avril 2010

mÔa, ma vie, mon oeuvre

Il y a tellement longtemps que je ne sais plus quand, Lili O. voulait connaître le parcours de formation de certaines, dont j'étais.

Alors voilà.

Quand j'avais huit ans, je voulais être institutrice. Et je préparais des dictées et des exercices de grammaire avec mes J'aime Lire. Surtout le n° 4, "la maison de Cornélius" (que je cherche désespéremment d'ailleurs, il fait partie du petit nombre que je n'ai plus... si vous le croisez, je donnerais cher pour le lire à nouveau !).

Quand j'avais neuf ans, j'ai lu mon premier Dolto. C'était Le cas Dominique, je m'en souviens très bien. C'était déjà de la formation, mais je ne le savais pas. Un peu plus tard j'ai lu Les Misérables... et je crois bien que c'était de la formation aussi. Quand j'avais neuf ans, j'écrivais déjà dans des cahiers. Dedans je consignais parfois des commentaires très élogieux à l'égard de mon instit'. J'écrivais que je trouvais son entrée pédagogique très maligne !!!

Quand je suis entrée en cinquième, je suis tombée en amour avec ma prof de français, comme j'avais pu tomber en amour avec mon instituteur de CE1 (il avait une barbe rousse touffue et une guitare), puis mon institutrice de CE2 (elle mettait des pelures d'orange sur le poêle pour parfumer le préfabriqué), puis mon institutrice de CM1 (on aurait dit une châtelaine, mais une gentille châtelaine) et surtout mon institutrice de CM2 (celle qui avait des entrées pédagogiques intéressantes, une femme de la trempe des Colette ou des Chanel, à mes yeux. Ou des Maria Pacôme. Oui, Maria Pacôme me ramène à elle !). En cinquième donc je voulais être prof' de français. Puis je me suis dit qu'être prof, c'était incompatible avec mère de famille nombreuse (mon autre vocation, oui je suis bien d'accord en être déjà convaincue à cet âge, c'est presque pathétique, à se demander si c'est un vrai choix, hé hé). Va comprendre. Est-ce que ma môman (c'est toujours la faute des mères, pardon môman) râlait particulièrement ce mois-là ? Toujours est-il que, toujours plongée dans les livres de la Françoise (Dolto), je décidai de devenir pédopsy. Evidemment.

En quatrième, je me suis mise à dépiauter les magazines de déco de ma mère (c'est toujours la faute des mères, je l'ai déjà dit ?). Je décidai de devenir architecte d'intérieur. Avec un super projet hyper précis. Je passais mon temps à faire les plans de ma maison.

En seconde je rencontrais ma Toi silencieuse. Elle m'a ouvert les portes des musées. Avec elle, je bavais sur l'école du Louvre... Puis le monde de la communication battait son plein, c'était les années 80, la femme accomplie-épanouie qui réussit tout, y compris sa mayonnaise d'une main...

... en première je décidai de faire une école de commerce, première étape nécessaire pour monter sans me casser les dents la boîte innovante et tellement originale que tout lemonde attendait (ou pas) de déco d'intérieur (bien dans le moule je vous dis !). Après je passerai une licence en histoire de l'art et hop ! Le tour serait joué, fastoche !

A dix-huit ans, je grimpais à Lille pour gonfler les effectifs des populaires écoles de commerce d'alors... Bah oui, tout le monde peut se tromper. Je m'y suis fait appeler Woodstock (comme quoi "ils" ne devaient pas en avoir vu de vrais de près) et je n'y ai gardé que deux copines. Je m'y suis amusée 8 mois, j'y étais dépitée les 3 autres années. Trop vraiment pas moi. Du coup, je n'y suis pas beaucoup allée. Et j'ai diablement bien profité de ma vie estudiantine (je souhaite la même, à sa mesure, à tout le monde). J'y ai lié des amitiés fondatrices, j'y ai fait des rencontres pleines de bouleversement. C'est vachement formateur ça !

A vingt-deux ans, je commençai à travailler dans une prestigieuse école de journalisme du nord de la France. Non, je n'y étais pas journaliste, je les côtoyais. Assistante, ça s'appelait ce que j'y faisais. J'ai fait assistante de plein de trucs, de direction, en communication, en ressources humaines, en formation aux entreprises, à l'international. J'y ai rencontré des gens fabuleux, qui ont fini de me "faire". En leur compagnie j'ai quitté les dernières peaux de l'adolescence. Avec eux, j'ai appris le sens des mots "responsabilité", "engagement", "conscience" et "conséquence". C'est pas rien déjà de les avoir compris. Ca permet au moins de pouvoir les choisir, ou pas. C'était une chouette de formation à la vie, ça. J'y ai beaucoup beaucoup ri.
Pourtant je ne m'y voyais pas pour toute ma vie. Je me suis inscrite en histoire de l'art, en parallèlle, pour occuper un peu mes soirées. Mais admirer les gargouilles moyennageuses sur fond de polycopiés noir et blanc de mauvaise qualité (je vous rappelle que c'était alors le moyen-âge de la formation à distance, pas d'internet, rien, je suis une vieille grenouille), comment dire, ma motivation s'est assez rapidement émoussée. Après je me suis dit que je ferai bien fleuriste. Quand je me suis renseignée sur les possibles formations, on m'a bien fait comprendre que j'étais ridicule de vouloir troquer ma position pour celle-ci. M'en fichais. Mais je n'étais pas tout à fait convaincue.

En même temps mes collègues-et-néanmoins amis d'alors ont commencé à migrer. Je me suis vite retrouvée au milieu de gens pour lesquels j'avais fort peu d'estime (la première fois que j'ai trouvé qu'un journaliste était un sombre c****ard, je me suis dit que j'avais dû mal comprendre, j'étais tellement toute petite. Le deuxième fois, j'ai eu des doutes. Après je me suis rendue compte que les sombres c***ards hantaient toutes les professions, et tous les genres aussi. Je sais c'est très prétentieux de l'affirmer (mais c'est très vrai aussi). J'imagine bien que je suis la sombre c***arde de quelqu'un, mais ce quelq'un à tort, assurément). Très vite, je me suis mise à attendre le soir alors que nous étions le matin, je me suis mise à attendre le vendredi soir alors que nous étions le lundi matin, je me suis mise à espérer la retraite alors qe j'étais à l'aube de ma vie professionnelle. Argh ! J'avais l'impression de jouer à la dame, et ça m'amusait de moins en moins ...

...

Je continue ? 

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Commentaires
M
hé, hé... l'école de commerce, ça, je ne m'y attendais pas ! <br /> Excellents ces petits récits, je plonge dans les suivants.<br /> (En revanche, les j'aime lire, ça je savais. Et bien sûr, la maison de Cornélius. Que je n'ai pas. Je garde jalousement les deux premiers. Un caramel pour deux... Premier grand souvenir de lecture (et dictée féroce pour les poupées, yes !). <br /> (Hé, mais t'étais toute jeunette au début de l'aventure j'aime lire, non ?)
A
33
L
32 !!!
D
31 ! ♥ ♥
Y
Ben voilà, on est 30 à attendre la suite !!!!!
Bulles de Grenouille
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